Cinq petits Indiens • Michelle Good

En prélude, l’éditeur nous avertit : de la fin du XIXe siècle à 1996 (!), date de la fermeture du dernier pensionnat, les enfants autochtones au Canada ont été systématiquement arrachés à leurs familles et envoyés dans des écoles résidentielles afin d’y être « assimilés » et « civilisés ». L’objectif fièrement proclamé était de « tuer l’Indien dans l’enfant ». On considère aujourd’hui que plus de 150 000 enfants sont passés par ces pensionnats, gérés en grande majorité par l’Église catholique. Séparés de leur famille, coupés de leur langue et de leur culture, ils y ont été maltraités et abusés. On estime qu’au moins 4000 enfants y sont morts. Ceux qui ont pu grandir et en sortir sont devenus des « survivants ».

Canada, fin des années 1960. Des milliers de jeunes autochtones ayant atteint l’âge d’être libérés de ces pensionnats, sont largués sans point de chute et essaient de survivre dans les quartiers est de Vancouver entre prostitution, drogue, petits boulots et grande précarité. Le roman-choral qu’on tient entre les mains fait le focus sur cinq d’entre eux – personnages fictionnels porte-voix de tant de destins réels –, qui, hantés par les sévices subis, s’attachent tant bien que mal à une chimérique reconstruction d’eux-mêmes, et dont les trajectoires traumatisées s’entremêlent inexorablement.

Michelle Good, autrice appartenant à la Nation crie Red Pheasant, est avocate et a longtemps œuvré à la reconnaissance des traumatismes endurés par les autochtones survivants de ces pensionnats. Cinq petits Indiens, récemment publié en français dans la reconnaissable collection « Voix autochtones » au Seuil, fait lumière sur une réalité bouleversante relativement ignorée, surtout dans nos contrées, et appelle ainsi son lecteur à un engagement franc et conscient en faveur de la réhabilitation des communautés autochtones meurtries, au Canada et ailleurs. À lire et faire lire…

© Le Seuil, Voix autochtones, traduit de l’anglais (Canada) par Isabelle Maillet.

Disponible chez Point Virgule à Namur.